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  paul VERLAINE
 
Référencement I3W

Paul Marie Verlaine dit Paul Verlaine, surnommé Le Prince des Poètes, est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896.

Paul Verlaine peint par Gustave Courbet.
Paul Verlaine peint par Gustave Courbet.

Sommaire

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Biographie

Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L'emploi de rythmes impairs, d'assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l'univers des Romances sans paroles des plus belles réussites impressionnistes. C'est lui qui a lancé la notion de "poètes maudits"

La famille de Verlaine appartient à la petite bourgeoisie : son père, comme celui de Rimbaud, est capitaine dans l'armée. Sa mère gardera longtemps sur la cheminée familiale les bocaux avec les foetus de ses fausses-couches.

Enfance[1]

Paul Verlaine naît en 1844 au 2 rue Haute-Pierre à Metz, d’un père capitaine dans l’armée comme celui de Rimbaud et d’Elisa-Stéphanie Dehée, native de Fampoux, dans le Pas-de-Calais. Au fil des garnisons, les Verlaine s’installent à Montpellier en 1845 puis à nouveau à Metz en 1848.

Le Paris de l’enfance et de l’adolescence de Verlaine se concentre sur la rive droite, plus précisément sur le quartier des Batignolles.

Ses parents arrivent dans la capitale en 1850, lorsque M. Verlaine obtient sa retraite de l’armée. Ils emménagent 10 rue des Petites-Ecuries, puis dans le quartier des Batignolles situé alors en-dehors de la capitale et apprécié des militaires en retraite. Ses parents veulent offrir les meilleures études à Paul.

Il va au catéchisme rue de Douai. Entre 1853 et 1862, il est interne à la pension Landry, 32 rue Chaptal et se rend bientôt quotidiennement au lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet), rue Caumartin. Les parents Verlaine emménagent 28 rue Truffaut en 1857, puis 10 rue Nollet (appelée rue Saint-Louis jusqu’en 1864) en 1859 ou 1860. Après une bonne scolarité, Paul découvre à 16 ans Baudelaire et l’absinthe.

Paul Verlaine (en bas à gauche) et Arthur Rimbaud (à sa gauche). « Le coin de table » peint par Henri Fantin-Latour en 1872 - Musée d'Orsay de Paris.
Paul Verlaine (en bas à gauche) et Arthur Rimbaud (à sa gauche). « Le coin de table » peint par Henri Fantin-Latour en 1872 - Musée d'Orsay de Paris.

1863 : nouvel emménagement, 45 rue Lemercier. Paul effectue un stage de comptabilité chez un nommé Savouret, rue du Faubourg-Saint-Honoré, et trouve un emploi dans une compagnie d’assurances. Il réussit en mai 1864 un concours administratif et commence à travailler à la mairie du IXe arrondissement, rue Drouot, puis à l’Hôtel de Ville. Il fréquente le salon de la marquise de Ricard, 10 boulevard des Batignolles (et celui de Nina de Callias, 17 rue Chaptal, à partir de 1868).

Les Verlaine s’installent 14 rue Lécluse en 1865, à deux pas de la rue Nollet. La revue L’Art publie en novembre un grand article de Paul sur Baudelaire. Le capitaine Verlaine décède en décembre. Paul et sa mère vivent de 1866 à 1870 au 3e étage du 26 rue Lécluse.

De la rue Lécluse, il rend visite à Mathilde Mauté chez ses futurs beaux-parents, 14 rue Nicolet. Mathilde lui inspire La Bonne Chanson.

Paul Verlaine fait ses études à Paris au lycée Condorcet, puis, est employé à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les cafés et salons littéraires parisiens puis, en 1866, collabore au premier Parnasse contemporain et publie les Poèmes saturniens. On y sent l'influence de Baudelaire, cependant que s'y annonce déjà l'« effort vers l'Expression, vers la Sensation rendue »[2] qui caractérise sa meilleure poésie. En 1869, les Fêtes galantes, des fantaisies évoquant le XVIIIe siècle de Watteau, confirment cette orientation. En 1870, il épouse Mathilde Mauté, à laquelle il vient de dédicacer La Bonne Chanson.

Paul Verlaine photographié par Dornac Musée Carnavalet de Paris.
Paul Verlaine photographié par Dornac Musée Carnavalet de Paris.

L'année suivante, Verlaine prend fait et cause pour la Commune de Paris, réprimée dans un bain de sang par le gouvernement d'Adolphe Thiers. Verlaine quitte Paris avec sa femme par crainte des représailles, et ce n'est que peu de temps après son retour à Paris, alors que le jeune couple est logé chez les parents de Mathilde, qu'Arthur Rimbaud surgit dans sa vie et vient la bouleverser. Verlaine quitte son épouse et part en compagnie du jeune poète pour l'Angleterre et la Belgique. C'est pendant ces voyages qu'il écrira une grande partie du recueil Romances sans paroles. En 1873, lors d'une dispute au domicile de sa mère à Bruxelles, il tire deux coups de revolver en direction de Rimbaud et le blesse d'une balle au poignet. Bien que Verlaine regrette immédiatement jusqu'à supplier Rimbaud de le tuer, ce dernier prend peur lorsque Verlaine le devance en pleine rue et qu'il porte sa main à son revolver. Rimbaud fuit et le dénonce à la police. Bien que Rimbaud ait retiré sa plainte, il est condamné à l'issue d'un procès relaté par la presse, à deux ans de prison, plus en raison de son homosexualité, alors condamnable, que de l'incident. Il les purge à Bruxelles et à Mons. Durant son séjour en prison, où il élabore la matière d'un recueil qui ne verra jamais le jour (Cellulairement), son épouse obtient la séparation de corps dont la procédure avait été lancée dès 1871. C'est en prison qu'il se convertit au catholicisme, au lendemain d'une nuit mystique. De cette conversion date probablement l'abandon de Cellulairement et l'idée du recueil Sagesse, qui profitera, avec Jadis et Naguère (1884) et Parallèlement (1888), d'une grande partie des poèmes du recueil mort-né. À sa sortie, il se rend à nouveau en Angleterre.

En 1883, il publie dans la revue Lutèce la première série des « poètes maudits » (Stéphane Mallarmé, Tristan Corbière, Arthur Rimbaud) qui contribue à le faire connaître. Avec Mallarmé, il est traité comme un maître et un précurseur par les poètes du symbolisme et par les décadents. En 1884, il publie Jadis et Naguère qui marque son retour sur l'avant-scène littéraire, bien que le recueil soit essentiellement composé de poèmes antérieurs à 1874. La même année, dans À Rebours, J.-K. Huysmans lui réserve une place prééminente dans le Panthéon littéraire de Des Esseintes. En 1885, dans les Déliquescences d'Adoré Floupette, G. Vicaire et H. Beauclair le consacrent officieusement chef d'école des Décadents. En 1886 il collabore à la Revue contemporaine d'Édouard Rod. À partir de 1887, alors que sa célébrité s'accroît, il plonge dans la misère la plus noire. Les productions littéraires de ses dernières années sont purement alimentaires. À cette époque, il partage son temps entre le café et l'hôpital. En 1894, il est couronné « Prince des Poètes » et doté d'une pension. Usé prématurément, il meurt en 1896, à Paris (à l'âge de 52 ans). Le lendemain de son enterrement, plusieurs quotidiens relatent un événement curieux : dans la nuit qui a suivi les obsèques, la statue de la Poésie, au faîte de l'Opéra, a perdu un bras qui s'est écrasé, avec la lyre qu'il soutenait, à l'endroit où le corbillard de Verlaine venait de passer...

Initialement, Paul Verlaine a été enterré dans la 20e division du cimetière des Batignolles à Paris (une zone qui se trouve actuellement en-dessous du boulevard périphérique). En 1989, sa tombe a été transférée dans la 11e division, en première ligne du rond-point central.

Tombe de Paul Verlaine
Tombe de Paul Verlaine

Œuvre

Jean-Pierre Richard a défini Verlaine comme étant le poète de la fadeur[3], des impressions indécises, rêvant d'une poésie qui serait un chant discret et doux. Son œuvre a été regardée essentiellement à la lumière de son Art poétique, composé dès 1874 mais publié en 1884, qui semble résumer et théoriser le mouvement symboliste, qui prend son essor depuis une dizaine d'années déjà[4] :

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Reste que cet aspect original de l'œuvre de Verlaine ne doit pas en masquer la complexité : partagé toute sa vie entre le rêve et l'action, entre la marginalité et les velléités bourgeoises, il laisse en guise de testament un poème intitulé Mort ! où s'énonce une dernière fois ce tiraillement :

Armes, vibrez ! mains admirables, prenez-les,
Mains scélérates à défauts des admirables !
Prenez-les donc et faites signe aux En-allés
Dans les fables plus incertaines que les sables.
Tirez du rêve notre exode, voulez-vous ?
Nous mourrons d'être ainsi languides, presque infâmes !
Armes, parlez ! Vos ordres vont être pour nous
La vie enfin fleurie au bout, s'il faut, des lames.

Poèmes célèbres

Œuvres

Poésies

Voir sur Wikisource : Paul Verlaine.

  • Poèmes saturniens (1866)
  • Les Amies (1867)
  • Fêtes galantes (1869)
  • La Bonne Chanson (1872)
  • Romances sans paroles (1874)
  • Sagesse (1880)
  • Jadis et naguère (1884)
  • Amour (1888)
  • Parallèlement (1889)
  • Dédicaces (1890)
  • Femmes (1890)
  • Après trois ans (1865)
  • Hombres (1891)
  • Bonheur (1891)
  • Chansons pour elle (1891)
  • Liturgies intimes (1892)
  • Élégies (1893)
  • Odes en son honneur (1893)
  • Dans les limbes (1894)
  • Épigrammes (1894)
  • Chair (1896)
  • Invectives (1896)
  • Biblio-sonnets (1913)
  • Œuvres oubliées (1926-1929)

Proses

  • Les Poètes maudits (1884)
  • Louise Leclercq (1886)
  • Les mémoires d'un veuf (1886)
  • Mes hôpitaux (1891)
  • Mes prisons (1893)
  • Quinze jours en Hollande (1893)
  • Vingt-sept biographies de poètes et littérateurs (parues dans "Les Hommes d'aujourd'hui")
  • Confessions (1895)
  • Romances sans paroles, suivi de Cellulairement

Notes et références

  1. Source : Terre des écrivains.
  2. Lettre à Mallarmé du 22 novembre 1866.
  3. Cf. l'article « Fadeur de Verlaine » dans le recueil Onze études sur la poésie moderne, Seuil, 1964.
  4. Rappelons que le manifeste du symbolisme ne se manifeste que tardivement : c'est le « Manifeste littéraire » de Jean Moréas, publié dans le supplément littéraire du Figaro le 18 septembre 1886 qui fonde le mouvement symboliste en rompant tant avec le décadentisme qu'avec le Parnasse. Le 1er octobre 1886, Jean Moréas fonde en outre une revue, Le Symboliste, avec Paul Adam et Gustave Kahn.

Bibliographie

  • Paul Verlaine, Correspondance générale : [Tome] I, 1857-1885, Paris (collationné, présenté et annoté par Michael Packenham).
  • Les poèmes érotiques homosexuels de Verlaine "Classiques H&O poche", Béziers : H&O, 2005. 10,8 x 17,8 cm. 128 pages (ISBN 2-84547-107-6).
  • Verlaine, la destruction de l'enfer... et Rimbaud !, La Petite Revue de l'Indiscipline, 2006.
  • Verlaine, admirateur de Baudelaire, ou l'esthétique réduite au stict minimum, La Petite Revue de l'Indiscipline, 2007.
  • Guy Goffette, Verlaine d'ardoises et de pluie, Gallimard, 1996. Une biographie romancée et impressionniste du poète.
  • Jean Teulé, "Ô Verlaine!", 2004. Une version de la fin de Verlaine.
 
 
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